jeudi 17 mai 2012

La fin d'une année

Et voilà. Un an. Déjà.
Le temps est venu de fermer le chapitre du "Permis Vacances Travail" au Canada.

Un permis qui m'aura effectivement permis de vivre une formidable expérience, de découvrir, de visiter, de rencontrer, d'échanger. Certes j'ai eu quelques petits désagréments, comme le vol de ma valise, mais ce n'était que pour me rappeler qu'on ne vit pas pour accumuler :)

En partant de France, je m'étais fixé trois objectifs principaux : améliorer mon anglais, me recentrer sur moi-même et faire un point sur objectifs professionnels. Je ne dirais pas qu'ils sont remplis car je ne pense en fait pas qu'on puisse un jour vraiment y répondre entièrement. Mais je suis sur la bonne voie et je suis content et fier de dire que j'ai progressé !

C'est donc maintenant la fin d'une aventure, et le début d'une nouvelle. Si tout va bien je passerai les 18 prochains mois à Toronto et je compte continuer ce que j'ai commencé.

Le Canada est un magnifique pays, aux paysages époustouflants dans lesquels j'aurai au total parcouru 17 840 kilomètres, dont:
7220 km en voiture,
4250 km en train,
3370 km en avion,
3000 km en bus,
et quelques dizaines en traversier et ferry.

De mai à septembre, j'ai passé 112 nuits en couchsurfing, 7 dans la voiture, 4 en auberge,  4 dans le train et 2 en camping.

Le Canada, ce sont aussi des habitants généreux, divers et ouverts. Pour m'avoir ouvert leur porte, leur cercle familial ou amical, pour m'avoir accueilli, aidé, soutenu, pour avoir partagé d'excellents moments, je remercie tout particulièrement : (par ordre chronologique - si mes souvenirs sont bons)

Mitchell, Danya, Brad, Dylan R, Edward, Sameer, Angelica, Warren, Sheena, Matthew, Alex, Joanna, Greg, Rachael, Emmet, Ben, Josef, Rachel, David, Dorothée, Edouard, Alexia, Pierre-Etienne, Lisa-Marie, Julian, Carlos, Jean-Gabriel, Nathan et Cécile, Olivier et Marc-André, Taia, Jean-Marie, Éric, Austin et Sherwin, Dylan, Chris Jai, Ryan G H, Jessica S, Winston, Andrew, Jessica W, Alison, Anna, Sandra, Wayne, Nathalie, Peter et ses parents, Lewis, Heather, Scott, Annelie, le groupe Grand Dérangement, Damien, Gilbert, Claude, Mélissa, Carol, Janice, Cédric, Annick, David, Maud, Marie-Joëlle, Ky Vy et Anie-Claude, Emilie, John, Lauryn, Jason, Zoe, Elliott, Maggie, Jille, Juan Sebastian, Léa, Julien, Raphaelle, Keanu, Wesley, Arman, Jason, Sebastian, Jérémy, Omar, Eric, Natasha, Fin, Ryan, Adrian et Karolina, Nina, Ryan A, Sébastien P
et leurs amis,
et tous ceux que j'ai pu rencontré durant mon voyage.

jeudi 15 septembre 2011

A bord du Canadien, on prend son temps

Dans le train, le temps n'est plus le même.

On est obligé de prendre son temps.
On prend le temps... De regarder par la fenêtre. D'admirer les paysages. De voir le temps changer. De ne pas voir le temps passer...

On attend aussi.
On attend - longtemps - que le train veuille bien redémarrer après un arrêt en gare.
On attend qu'un train de marchandises (encore un) long de 2 kilomètres veuille bien passer son chemin.

Et évidemment quatre jours de train, ça laisse le temps de penser. Penser à pourquoi je suis parti, ce que je fais ici, aux amis et à la famille laissés en France, aux 3 mois et demi de voyage que je viens de vivre, à ce qui m'attend maintenant...

Embarquez quelques minutes au rythme du Canadien et prenez votre temps...
(S'il vous plait, cliquez sur le bouton "HD" et visionnez en HD sur Vimeo, ça sera beaucoup mieux!)




Baladez-vous dans le train et écoutez les ambiances...

mardi 13 septembre 2011

Le "Canadien" : de Toronto à Vancouver en train



> Regardez les photos en plein écran!

Jeudi soir. La gare de Toronto est assez glauque. Ou c'est peut-être le fait d'être un peu triste de quitter cette ville qui me fait dire ça. Je me prépare à prendre le "Canadien", le fameux train qui traverse le pays d'est en ouest en quatre jours. Départ : Toronto, arrivée : Vancouver. Enfin pas tout à fait car je compte m'arrêter en chemin, à Edmonton. Je veux visiter l'Alberta pendant une semaine avant de reprendre le train à Jasper.

Le Canadien, c'est la ligne rouge ci-dessous.



J'enregistre mes bagages, tout comme on le fait dans un aéroport. J'emprunte un escalator pour accéder au quai d'embarquement. Le train est imposant et si long qu'on ne peut en apercevoir la fin! Bon, en même temps il fait noir… Je montre mon billet à un agent. "Tout droit, jusqu'à l'avant du train!" m'indique-t-il. Le quai est presque vide et très sombre. Le train va bientôt partir, je le sens. Le vrombissement des moteurs ajoute à la pression du temps. Je ne perds pas une seconde et marche à bonne allure jusqu'à ce qu'un second agent m'arrête dans ma lancée. On m'invite très gentiment à monter et on m'installe dans un fauteuil. Une voix annonce d'un air théâtral et complètement surjoué "Bon voyage à bord du Canadien!!!".

Bienvenue à bord du Canadien! by arnaudbaudry

Au fait, j'ai un fauteuil? Tiens, c'est bizarre, je pensais avoir réservé un lit. J'attends un peu pour voir ce qu'il se passe. On va peut-être on me faire signe.
Une employée de VIA Rail explique à des passagers assis près de l'évacuation de secours comment briser la vitre en cas d'urgence. Je suis ravi de profiter de ses explications rassurantes… Quelques passagers mangent un sandwich et sortent leur duvet. Ça devient inquiétant, vais-je vraiment devoir passer 3 jours sur un siège?
Je décide tout de même de me renseigner. Une employée constate l'erreur faite sur la place qui m'a été attribuée et m'invite à la suivre à l'autre bout du train! Un long parcours m'attend : ce sont vingt voitures de trente mètres de long à traverser dans un couloir suffisamment large pour ne pas permettre à deux nord américains de se croiser facilement.

J'arrive enfin à mon lit. Ouf! Je suis situé à seulement une voiture du "dôme", wagon panoramique où "on sert du Champagne actuellement" me dit-on. Le temps de poser mes affaires et le Champagne n'était plus. Mais il avait laissé des traces. Je rencontre quatre anglophones, deux couples d'une cinquantaine d'années, visiblement un peu éméchées. Les deux femmes aux joues rouges ne peuvent s'arrêter de rire. Elles me font penser à ma mère quand elle boit une gorgée d'apéritif. Peut-être est-ce une allergie à l'alcool? L'un des deux hommes s'excuse :
" - Désolé, nous sommes très bruyants. Vous êtes venu ici pour prendre un café tranquillement…
- Pas de problème, réponds-je, c'est un espace public. En fait, je me suis perdu dans le train et j'ai manqué le Champagne que vous venez probablement de boire.
- Oh, vous avez perdu votre Champagne? Je l'ai trouvé, je suis en train de le boire!"
Tout le monde : "Hahahahahahahahaha!!!!".
Le voyage s'annonce épique.

Ils finissent par aller se coucher. Je bois mon café et savoure un muffin au chocolat tout en faisant quelques photos. Vers minuit et demi je décide d'aller me coucher, le petit déjeuner est servi tôt le matin, je dois m'adapter au rythme.

Vendredi. Au matin, on me sert de délicieux pancakes aux bleuets, accompagnés d'un café évidemment à volonté, comme dans tout bon restaurant canadien. Une fille d'Edmonton partage ma table. Nous discutons un peu et je me rends compte qu'elle connait la soeur de mon hôte à Halifax! Incroyable, encore une fois je me fais la réflexion "Que le monde est petit"!!
Après avoir bien mangé, je fais un tour dans le wagon panoramique. Plusieurs personnes me voient prendre des photos et me demandent s'il pourraient en avoir une copie. Bien sûr que oui! Je leur donne l'adresse de mon blog :-)
[Note to the passengers I traveled with : you're welcome to let a comment if you see that post!]

Les canadiens sont très sociables, particulièrement dans l'atmosphère intime d'un train. Côtoyer les mêmes personnes pendant un voyage de plusieurs jours, ça rapproche. Je discute ici et là avec les passagers, je partage mes aventures. La population est principalement âgée, disons que la majorité a la soixantaine bien tassée. Il faut du temps et de l'argent pour effectuer ce type de voyage, ce dont les plus jeunes ne disposent pas forcément… J'ai l'impression de ne rien avoir à faire là. Je me sens à la fois privilégié et imposteur.

La journée se passe. Le soleil fait suite à la pluie. Les arbres et les cailloux quant à eux ne changent pas. Les paysages sont vraiment magnifiques et la lumière idéale. L'Ontario est la province la plus large à traverser. Je ne franchirai la frontière du Manitoba que le samedi vers 4:50 du matin.

Samedi. Vers 7:00, nous faisons une halte de quatre heures à Winnipeg. J'en profite pour trouver une connexion Internet (il était censé y en avoir dans le train mais ce n'est pas le cas) et envoyer quelques demandes de couchsurfing pour la semaine qui vient (je m'y prends un peu au dernier moment…).

Le trajet continue. Le Manitoba, le Saskatchewan et l'Alberta sont communément appelées les "Prairies". On comprend pourquoi quand on traverse des centaines de kilomètres de plaines dont les cultures et les étendues d'eau transforment le paysage en un tableau de jaune paille, vert chlorophylle et bleu ciel.
Ce sont aussi les trois provinces les plus conservatrices, réserves de cow-boys, farmers et puits pétroliers.

Le samedi soir, je prends mon dernier dîner en compagnie des trois personnes que j'ai maintenant l'habitude de rejoindre en voiture restaurant. C'est drôle de se retrouver comme ça midi et soir. Il y a Sophie d'Angleterre, Elisabeth de Toronto et Zoé d'Edmonton. Les discussions sont sympathiques. Nous sommes généralement les derniers à quitter le restaurant!
Les repas servis sont de bonne qualité. Ce n'est pas extraordinaire mais c'est correctement cuisiné, ce qui est la moindre des choses pour un voyage qui se veut première classe.

J'arrive le lendemain matin à Edmonton vers 6:30. Et je n'ai toujours pas de place où dormir…

* * *

Dimanche. Je reprends le train une semaine plus tard, depuis Jasper. C'est la dernière étape de mon voyage qui me conduira à ma destination finale : Vancouver.
Cette fois-ci je suis arrivé à temps pour le Champagne. J'ai trouvé ma cabine facilement, tel un habitué du "Canadien".

Le chemin de fer sillonne les Rocheuses. La voiture dôme est tout indiquée pour profiter de ces vues magnifiques sur les pics, les cascades et les forêts. La vitesse de croisière n'a pas beaucoup augmenté depuis la semaine dernière. Les arrêts sont nombreux pour laisser passer les trains de marchandises. Une seule voie a été construite sur la majorité du parcours. Des segments ont été arrangés pour permettre aux trains de se croiser. Mais quand l'un arrive en avance, il doit attendre l'autre…

Lundi. 9h42, j'arrive en gare "Pacific Central". Le nom me sonne comme le bout du monde. J'ai bien atteint la côte Ouest. Vancouver a les pieds dans le Pacifique et la tête dans les montagnes. Elle me tend les bras. Reste à moi de l'embrasser…